'Assis sur un canapé, les pieds sur une table en bois. La photo est épurée. Le mur blanc le canapé gris et la table brune. Vingt-quatre ans, le regard perdu et les doigts aux ongles longs, qui de loin semblent bouger seuls. Tout ça c’est vers Évian-les-Bains parce que par la fenêtre c’est la Dent d’Oche qu’on voit.
C’est le musicien depuis longtemps, mais qui a récemment coulé dans l’écriture. C’est ça qui a provoqué cet autre chose. Au début, ça a été de la pop alternative avec Colors. Ensuite, des sonorités plutôt électro alternatives concentrées dans six titres Mitote, et maintenant c’est comme de la pop française au goût de l’avant mais avec des éclats de nostalgie dans les notes et des doutes dans les mots. Second choix la légitimité d’être, le droit à la sensibilité et le gouffre du temps pour L’enfant. Glisser de l’étendue des montagnes de Haute-Savoie, du fond du lac Léman à la grisaille de la ville comme on change de peau après l’enfance. Savent pas et le fait de trouver sa place. Nuit blanche pour les vivre justement. Ça sonne bercé par des goûts qui viennent de l’Angleterre, ça souffle Alt-J, James Blake ou Radiohead.
Ce que je veux dire c’est que quand on écoute c’est un balancement de bus avec la tête qui cogne contre la pluie, c’est le moment où les yeux passent sous l’eau. Tu vois, le fond de la piscine les yeux ouverts avec les autres à la surface. Là c’est que le temps tu le sens vraiment, t’es en parenthèse. C’est parce que c’est la pression de l’eau qui fait que ce que tu penses c’est honnête. Bah là, la musique c’est la même chose. Pédaler dans le rien. Et passer à côté d’un bourgeon. Et pis t’es obligé de t’arrêter pour écouter le balancier de la guitare, le tonnerre du piano ou la voix qui caresse.
C’est sur toutes les photos
C’est le fond du ciel après que l’orage soit passé.'